Après un braquage de banque parfaitement réussi dans sa Savoie natale, Benoît Métral décide de se consacrer au bouddhisme et la gastronomie. A partir de là sa voie était toute tracée, sauf que… Il y a eu cette rencontre avec un contrôleur de la SNCF. Ce soir là pour la première fois, il entend, comme sortie de la bouche du destin, la maxime qui désormais régentera sa vie : «Attention, un train peut en cacher un autre ». A l’aiguillage suivant il embarque son wagon sur la voie de la musique, et à sa suite un train d’emmerdements.
Ca commence avec une clarinette dans une formation jazz, où le sifflet de la loco semble bien pâle à coté de son swing. La musique jazz, mère de tous les vices, lui donne l’essentiel, un rail, du rythme. Pas étonnant alors que la station suivante le mène au Brésil où il plonge dans l’univers de la bossa. Il trafique du café en échange de rythmes de plus en plus variés qui le conduisent au Paraguay, en Amérique du Sud. Il perd du poids. Il continue dans des régions musicales de plus en plus improbables, sur des scènes de désert, à la recherche de l’essentiel, à la recherche du train caché sans doute.
De retour en Europe il reprend l’étude de la guitare, de la harpe, de la cornemuse. Et un jour, l’évidence apparaît enfin : l’instrument dont doit jouer Benoit Métral se trouve en lui-même, sa voie à lui n’est rien d’autre que sa voix. Le plus libre et le plus difficile des instruments.
« Passe-moi le sel ! » lui dit un jour quelqu’un.
Pince sans rire, lui répondit Benoit qui avait retrouvé du poids et d’un coup cinglant son style singulier : l’impertinence. Impertinence délectable qu’il promène dans le sérail des bars Parisien, du festival de Bourges jusque dans le train-train des concours à chansons Les textes de ses chansons interrogent le vrai et le faux, ici le plastique des mannequins, dans un monde infini où la lecture des codes-barres pose encore de scandaleux problèmes dans certains supermarchés. Avec une voix légèrement teintée de créosote et son élégance toute écossaise, Benoit Métral nous invite à ce voyage caustique placé sous les caténaires de l’espérance. Et ça marche. C’est sûr ce gars là connaît le contrôleur, mais attention quand même, une chanson peut en cacher une autre.
Mon petit doigt me dit que l'album commence à pointer son nez. Vivement le #printemps ! :)