A croire que Steeve Guénot a ouvert la brèche. La médaille d'or du lutteur tricolore a donné des idées au clan français. Alain Bernard avait ainsi rendez-vous avec l'histoire cette nuit sur le 100m nage libre et a répondu présent. Le natif d'Aubagne est devenu le premier Français champion olympique sur la distance devant son grand rival Eamon Sullivan et, conjointement, le Brésilien César Cielo Filho et l'Américain Jason Lezak, qui l'avait déposé lors du relais 4x100m en début de semaine. Une belle revanche pour Bernard, en retard à la mi-course (+0''05) mais qui a nagé 25 derniers mètres de folie et profité de son allonge pour toucher le mur en 47''21 (contre 47''32 pour Sullivan).
Alain, réalisez-vous ce qui vous arrive ?
Alain Bernard : C'est énorme ! Je ne sais pas si je réalise, je ne sais pas quoi
dire... Pendant la course, je ne me suis jamais senti abattu même à un mètre du mur. Tant qu'on n'a pas touché, on n'a pas perdu et on n'a pas gagné. Le relais m'avait servi de leçon lorsque je
me suis fait doubler. J'étais secoué alors je me suis repris car avec tout le travail que j'ai fait depuis des années il fallait que ça se concrétise.
Comment vous sentiez-vous sur le plot de départ ?
Alain Bernard : J'avais les jambes qui tremblaient. Quand il a dit «à vos marques», ma jambe gauche ne tenait plus. Je me suis dit c'est mal barré ! C'est la première fois que ça me
faisait cela aussi fort. J'étais beaucoup plus décontracté durant les séries.
Avec ce titre, vous rentrez dans la légende du sprint, qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Alain Bernard : Ça fait
plaisir, ce n'est pas tous les jours que ça arrive. Je vais en profiter au maximum et surtout bien récupérer pour les deux courses qui me restent.
Avez-vous fait la course que vous aviez imaginée ?
Alain Bernard : Oui ! J'ai gagné ! J'ai quand même eu mal aux 80-85
mètres mais je me suis accroché, je ne me suis pas désuni pour rester en vie. J'ai suivi les conseils de Denis Auguin, mon entraîneur, qui m'avait dit ne pas m'affoler.
Qu'est-ce qui a fait la différence ?
Alain Bernard : C'est infime, on est tous au top physiquement, ça peut être n'importe quoi. Il y avait tellement de pression qu'on a vu que le record du monde n'a pas été battu. Il
fallait contenir tout ce stress car on ne sait pas comment ça va marcher, ni comment le corps va réagir. Le but, c'est de toucher en premier et c'est l'essentiel.
A qui voulez-vous dédier cette victoire ?
Alain Bernard : C'est le plus beau jour de ma vie, il y a beaucoup de choses qui
se concrétisent en si peu de temps, c'est tellement dense. Je remercie tout le clan français et notamment Denis mon entraîneur qui a su me remobiliser après la défaite lors du relais. J'avais
pris toute la responsabilité. Il m'a dit que ça s'était joué à quatre. Il a été très proche de moi. Tout cela ne serait pas arrivé si je n'étais pas si entouré et si bien dans ma tête. J'ai
vraiment progressé sur le mental.
Avez-vous conscience de tout ce qu'il va se passer autour de vous désormais ?
Alain Bernard : J'imagine que ce ne sera pas quelque chose de désagréable. C'est sûr qu'il y aura une exposition médiatique mais tant que ça reste sportif c'est super. Il y a pire
dans la vie ! Je ne vais pas me plaindre. Simplement, là je vais rester concentrer avant les séries du 50m et du relais 4x100 4 nages.
Qu'avez-vous avez envie de dire à Denis Auguin votre entraîneur ?
Alain Bernard : Merci, merci de croire en moi, de ne pas
me juger sur mon niveau de performance. Il m'a dit : «quoi qu'il arrive si tu donnes le maximum je ne te dirai rien». Et il y a très peu de gens comme ça... (Il n'arrive plus à parler et quitte
la zone mixte les yeux remplis de larmes).
Source : sport24.com